19 mai 2021

Science

COVID-19 et tabagisme : les fumeurs sont-ils plus à risque ?

Cela fait plus d'un an que nous vivons sous la menace de la COVID-19, face à laquelle nous ne sommes pas tous égaux. Les fumeurs sont-ils plus à risque ?

À ce jour, la pandémie de coronavirus qui a débuté en décembre 2019 a touché près de 125 millions de personnes à travers le monde, et près de 3 millions y ont déjà laissé la vie. Des facteurs de risque prédisposent certains individus à développer des formes plus sévères de la COVID-19, notamment l’âge, être de sexe masculin, être atteint de maladies respiratoires ou cardiovasculaires, de diabète, ou d’hypertension. Compte tenu de ces éléments, il semblerait assez évident de classer le tabagisme dans les facteurs de risque de sévérité, dans la mesure où il est établi que le tabac est une cause importante de comorbidités respiratoires et cardiovasculaires. Plus d’un an après l’apparition de la COVID-19, peut-on dire que les fumeurs sont plus à risque face à cette maladie ?

Les fumeurs sont-ils plus à risque face à la COVID-19 ? Pour l’heure, pas de réponse définitive

À ce jour, les données disponibles restent contradictoires : certaines études montrent que le tabagisme prédispose à une sévérité accrue et à un plus mauvais pronostic pour les porteurs de SARS-CoV-2, tandis que d’autres n’établissent pas de lien clair. Il semble, cela dit, que ces résultats contradictoires soient majoritairement dus à des différences méthodologiques entre ces études, dont certaines ont été jugées comme étant de mauvaise qualité par la communauté scientifique. Prises isolément, elles sont donc difficilement interprétables.

Certains articles ont même prétendu que le tabagisme pourrait être un facteur de protection contre les formes sévères de COVID-19, et ceux-ci ont bénéficié d’un écho médiatique important, alors qu’il ne s’agissait pas d’articles publiés suivant le processus rigoureux d’évaluation par les pairs (c’est-à-dire évalués par d’autres chercheurs n’ayant pas pris part à la recherche évaluée). L’Organisation Mondiale de la Santé ainsi que le Haut Conseil de Santé Publique ont ainsi mis en garde contre ces affirmations non fondées sur des preuves. Il n’existe pour l’heure pas d’élément concret et définitif plaidant en faveur de l’éventuelle protection qu’apporterait le tabac, ou l’un de ses composants, contre les formes sévères de COVID-19.

D’autant plus qu’il apparaît qu’au sein des composants du tabac, ce serait précisément la nicotine qui pourrait éventuellement avoir un rôle protecteur. Une étude rigoureuse est en cours au sein de plusieurs hôpitaux parisiens afin d’apporter des réponses quant à l’éventuelle protection qu’apporterait la nicotine dans la prévention de l’infection à coronavirus chez les soignants (communiqué de presse de l’APHP). Mais à ce jour, aucun élément définitif ne plaide en faveur de cette hypothèse.

Une image plus nette se dessine progressivement quant aux liens entre COVID-19 et tabagisme

Une méta-analyse (Reddy et al., 2020) a regroupé les résultats de 47 études sur les liens entre tabagisme et COVID-19, traitant ainsi les données collectées sur plus de 32 000 patients hospitalisés pour infection à coronavirus. Plus d’un quart des patients analysés étaient soit fumeurs au moment de l’hospitalisation (1501), soit d’anciens fumeurs (5676), soit catégorisés comme fumeurs sans plus de précision (1240).

Il ressort de cette analyse que les fumeurs actifs hospitalisés pour infection à coronavirus avaient un risque quasiment doublé de développer une forme sévère de cette maladie par rapport aux non-fumeurs et aux anciens fumeurs. Cependant, ces résultats restent difficiles à interpréter en raison d’une grande hétérogénéité méthodologique entre les études incluses.

En revanche, d’autres résultats plus nets ressortent des analyses. Comparés aux personnes n’ayant jamais fumé, l’ensemble des fumeurs actuels et des anciens fumeurs avait plus de 30% de risque supplémentaire de développer une forme grave de COVID-19, 26% plus de risque de décéder des suites de la COVID-19, 20% plus de risque de devoir être placé sous ventilation mécanique, et un risque plus que doublé de connaître une évolution défavorable des suites de l’infection à SARS-CoV-2. Ces résultats indiquant que le tabagisme prédispose à des formes plus sévères de COVID-19, et que les fumeurs sont donc plus à risque, ont été confirmés dans une méta-analyse plus récente (Zhang et al., 2021).

Par ailleurs, au-delà de l’impact direct du tabagisme, il faut compter avec l’impact des pathologies cardiovasculaires, inflammatoires et pulmonaires liées au tabac qui entraînent une plus grande vulnérabilité des fumeurs face aux infections respiratoires. Déjà lors de la dernière épidémie de coronavirus (MERS-CoV), les fumeurs montraient un risque accru de forme sévère et de décès face à cette infection. Le vapotage et le tabagisme passif participent également à la diffusion du virus vers l’entourage, puisque ces pratiques se font sans masque et impliquent de profondes expirations à même de véhiculer des particules virales ; or, on sait aujourd’hui que le SARS-CoV2 se transmet essentiellement de cette manière.

Malheureusement, la situation stressante et anxiogène que nous traversons a entraîné une augmentation des comportements addictifs, et notamment du tabagisme chez environ 40% des fumeurs, notamment chez les plus fortement dépendants à la nicotine, et 75% d’entre eux attribuent cette hausse de consommation directement au confinement (sondage MadeInVote et Kwit). Les gouvernements ont sous leurs yeux un facteur de risque de sévérité sur lequel ils peuvent exercer une influence en menant des politiques de santé publique efficaces, particulièrement en promouvant activement l’arrêt du tabagisme. Les solutions mobiles d’aide à l’arrêt ont dans ce cadre démontré leur efficacité mais bénéficient encore d’une place trop faible dans le parcours de santé des fumeurs.

Si vous souhaitez arrêter de fumer, Kwit peut vous aider à vous lancer et vous accompagner jusqu’au bout de ce parcours ! Et pour des conseils au jour le jour, suivez-nous sur Facebook, Instagram, Twitter et LinkedIn !

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