8 avril 2020
Actualité
L’épidémie de coronavirus qui a débuté en Chine en décembre 2019 est au coeur de toutes les discussions. Les symptômes que ce virus provoque sont liés à la respiration, nous pouvons donc nous demander si le tabagisme peut augmenter les risques de contracter le COVID-19, étant donné la fragilité pulmonaire des fumeurs. Dans cet article, nous allons vous partager ce que nous savons à propos de ce virus et son impact sur les fumeurs.
Les principaux symptômes du coronavirus sont la fièvre, les difficultés respiratoires, une toux sèche et un essoufflement. Ces symptômes liés à la respiration posent la question du risque pour les fumeurs de contracter la maladie. Est-ce que le coronavirus pourrait être aggravé chez les fumeurs ? Dans cet article nous allons faire un point sur la situation actuelle, nous allons nous demander pourquoi nous nous posons la question d’un risque accru chez les fumeurs et enfin nous allons décrire et expliquer ce que nous savons sur cette pandémie et son lien avec le tabagisme. Les données scientifiques sur la pandémie que nous vivons actuellement s’actualisent au fur et à mesure que les études sont publiées. Notre mission est de vous tenir informé, nous allons donc mettre à jour cet article régulièrement.
Le COVID-19 : point sur la situation
La pandémie de coronavirus touche aujourd’hui 184 pays selon un bilan établi par le Centre de la science et l'ingénierie des systèmes de l'Université Johns Hopkins de Baltimore.
Depuis quelques semaines, 3,9 milliards de personnes sont appelées à rester confinées chez elles. Une phase inévitable pour réduire la fatalité de la propagation du COVID-19.
Le coronavirus est devenu le thème incontournable dans notre quotidien. Nous sommes désormais sensibilisés à la réalité des soignants, des malades et des mesures que nous avons dû prendre pour limiter la propagation de la pandémie. Les règles de sécurité qui ont été prises, comme le confinement, l'interdiction de côtoyer les personnes fragiles, nos amis, notre famille et nos collègues nous poussent à nous recentrer sur nous-même. Cette situation nous permet un moment de réflexion, nous avons le temps de nous concentrer sur nos vies et nos envies.
Ce nouveau virus impacte le monde entier. Étant donné sa récente découverte il laisse encore des questions en suspens. Dans cet article de blog, nous voulons faciliter la compréhension du lien entre le tabagisme et le COVID-19.
Fumer augmente-t-il le risque du COVID-19 ?
Compte tenu des facteurs de risque que présente une personne atteinte de la maladie, nous pouvons nous interroger sur la dangerosité du COVID-19 chez les fumeurs.
La réponse à cette question peut sembler simple, mais il est difficile d’affirmer avec certitude en se basant sur des données avérées que les fumeurs présentent un risque direct de développer une forme sévère du coronavirus. En effet, les connaissances sur la pandémie que nous vivons actuellement s’actualisent lentement, au fur et à mesure des publications de nouvelles études. Selon la littérature actuelle, nous ne disposons pas d’assez de données et d’études pour affirmer qu’il y a un lien causal direct entre le tabagisme et le risque d’attraper une forme sévère du COVID-19.
Faute de données récentes, nous pouvons cependant utiliser une méthode de déduction sur des informations reconnues et validées.
D’un côté, nous sommes au courant des effets négatifs à long terme du tabac sur le système immunitaire, cardiovasculaire et respiratoire. En effet, les fumeurs ont une fragilité pulmonaire plus importante que les non-fumeurs. Comme nous en avions déjà parlé dans notre article «Associer grippe et tabac, une mauvaise idée !», fumer double le risque de contracter une infection respiratoire et favorise l'évolution grippale vers des complications permanentes. De plus, les fumeurs ont également enregistré une mortalité plus élevée lors de la précédente épidémie de MERS-CoV7.
D’un autre côté, le fait d’être vulnérable à certaines maladies du système immunitaire, du système cardiovasculaire, ou du système respiratoire, notamment avec la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC), est un des facteurs de risque du COVID-19. D’ailleurs, selon le département de santé et des services humains des États-Unis, 78% des individus admis en unités de soins intensifs avaient au moins un problème de santé ou un facteur de risque sous-jacent. Ainsi, nous pourrions déduire que le fait d’arrêter de fumer protège à long terme des mêmes maladies qui sont un facteur de vulnérabilité face au COVID-19.
On peut également souligner que le fait de fumer ou vapoter implique beaucoup de petits gestes qui peuvent avoir un impact sur la rapidité de propagation du virus. À titre d’exemple, nous pouvons souligner des gestes main/bouche, le fait de devoir enlever souvent son masque ou l’achat d’un paquet de cigarettes. L’objectif de vous informer de ce danger n’est pas de créer de la peur ou la panique, mais de vous rendre conscient pour que vous mettiez en place des gestes de protection même si vous continuez à fumer.
En effet, lorsque vous fumez une cigarette ou que vous vapotez, le geste main/bouche augmente la probabilité d’être contaminé par le COVID-19. Si vous avez touché une surface contaminée par le virus et que vous allumez une cigarette quelques instants après, vos doigts toucheront votre visage, votre bouche ou/et votre salive. Vous avez plus de risques d’amener le virus à contaminer votre organisme, et en touchant les autres vous pouvez également faciliter sa propagation. Être attentif au lavage de mains avant et après avoir fumé une cigarette est donc indispensable aujourd’hui pour vous protéger.
La transmission par la salive et les voies respiratoires est une des raisons pour lesquelles dans plusieurs pays le port du masque est demandé dans les lieux publics. Lorsque vous portez un masque vous êtes protégé de la contamination. Si vous prenez régulièrement des pauses pour fumer ou vapoter vous devez enlever votre masque en touchant uniquement les ficelles derrière votre tête. Dans le cas contraire, si vous enlevez votre masque avec vos doigts en touchant la partie supérieure constamment, l’effet protecteur du masque disparaît. En effet, un masque mal utilisé n’est d’aucune utilité. Il faut veiller à ne pas toucher l’intérieur du masque avec vos doigts. Sinon vous pouvez déposer des bactéries sur la partie qui va ensuite être en contact avec votre bouche. Cela demande donc une vigilance accrue pour les fumeurs. Dans un environnement où vous êtes en contact avec des personnes fragiles, il devient obligatoire de jeter définitivement votre masque pour éviter toute contamination.
En outre, quand vous allez acheter votre paquet de cigarettes ou vos recharges de liquides et de pods au bureau de tabac vous vous exposez davantage; le fait de vous déplacer et de toucher le carton des paquets de cigarettes vous met en contact avec le virus. D'après une étude publiée par la National Institute of Health (NIH), le COVID-19 tient quatre heures sur les surfaces en cuivre, 24 heures sur le carton et jusqu'à trois jours sur les plastiques et l'acier inoxydable. Pour vous protéger, désinfectez vos paquets/pods/liquides, soyez attentifs à ce que vous touchez et lavez-vous les mains dès que possible.
Enfin, les pauses cigarette entre collègues engendrent un regroupement de personnes et donc une probabilité plus grande de vous contaminer. En revanche, à ce jour aucune étude n’a pu explicitement montrer que la transmission de micro particules du virus dans la vape ou la fumée. Dans tous les cas, il a été toujours recommandé de fumer ou de vaper dans les espaces ouverts.
Le point sur le tabagisme, la nicotine et le COVID-19 : ce que l’on sait
Dans une démarche de vulgarisation scientifique, nous voudrions également vous partager les connaissances actuelles sur le lien entre COVID-19, le tabac et la nicotine. Notre objectif est de vous tenir informé sur les avancées scientifiques, dans ce sens nous allons mettre à jour ce blog.
La plupart des études actuelles sur le COVID-19 portent sur la population chinoise, seulement quelques-unes se concentrent sur la population américaine et italienne. La majorité des études sont “rétrospectives”, cela veut dire que ce sont des études qui portent un regard sur une situation passée. Dans ce cas, les chercheurs décrivent les caractéristiques observées des patients sévèrement atteints par cette infection. En aucun cas, ces études ne portent sur la population générale qui a attrapé une forme légère ou asymptomatique du virus.
À titre informatif, 27,7% de la population chinoise fume activement, avec une différence très significative entre hommes et femmes (52,1% chez les hommes et 2,7% chez les femmes) comparativement en France où environ 25,4 % de la population adulte fume actuellement (35,3% des hommes et 28,9% des femmes ). En Amérique, le pourcentage de fumeurs est plus bas où 11% des Américains adultes fument.
Pour ce qui concerne les effets du tabagisme sur les formes sévères du coronavirus, certaines études mettent en évidence trois grandes idées :
Les anciens fumeurs ont moins de risques de développer une forme grave de coronavirus comparativement aux fumeurs et à la population générale.
Le pourcentage actuel de fumeurs dans les formes graves de COVID-19 serait relativement faible compte tenu de la proportion des fumeurs dans la population générale.
Le fait d’être fumeur au moment de contracter le virus rendrait plus difficile la progression positive vers la récupération totale souhaitée comparativement aux non-fumeurs.
Les personnes ayant arrêté de fumer sont moins porteuses du récepteur ACE2 et donc moins sujettes au risque de contracter une forme sévère du coronavirus. En effet, l’étude publiée30110-2/abstractFarsalinos%20:%20https://www.qeios.com/read/article/541) par Giusseppe Lippi et ses collègues souligne que le récepteur hôte du virus (ACE2), responsable du COVID-19, est moins présent chez les anciens-fumeurs. De plus, l’étude de Guan sur 1099 personnes observe le même phénomène: seuls 5,2% étaient des anciens fumeurs dans le groupe de patients avec une forme sévère de coronavirus et 7,6 % dans le groupe de patients placées en soins intensifs. Cette étude nous permet de nous demander si le fait d’être un ancien fumeur est un facteur de protection contre le fait de développer une forme grave de COVID-19.
Le pourcentage actuel de fumeurs présentant des formes graves de COVID-19 serait trop faible pour le définir comme un facteur de risque direct. L’étude réalisée par Fei Zhou30566-3/fulltext) le 28 mars 2020, sur un échantillon de 191 personnes hospitalisées, nous démontre que seuls 6% d’entre elles fumaient au moment où elles ont contracté le virus. Ce pourcentage a été défini comme faible, compte tenu du nombre de patients non-fumeurs dans les soins intensifs et la population de fumeurs en chine. Guan a publié une étude le 6 mars 2020, sur 1099 personnes. Dans l’étude, parmi le groupe de patients ayant des formes sévères de coronavirus, 16,9% étaient des fumeurs actuels, 5,2% étaient des anciens fumeurs et 66,9% n’avaient jamais fumé. D’ailleurs, Hua Cai dans sa lettre de correspondance assume que la proportion relativement faible de fumeurs actuels de ces deux derniers études (Zhou et Guan) par rapport à la proportion de fumeurs masculins en Chine (50 %) est peu susceptible d'être associée à la gravité du COVID-19. Ce postulat est justifié par la méta analyse d’Ali Akbari et ses collègues (une étude qui regroupe plusieurs études) qui propose que 7,63% des personnes atteintes d’une forme sévère de COVID-19 étaient fumeuses au moment où elles ont contracté le virus.
Le fait d’être fumeur au moment de contracter le virus rendrait plus difficile la progression positive vers la récupération totale souhaitée. L’équipe de Nikitara calcule que les fumeurs étaient 1,4 fois plus susceptibles de présenter des symptômes graves de COVID-19 et environ 2,4 fois plus susceptibles que les non-fumeurs d'être admis dans une unité de soins intensifs, d'avoir besoin d'une ventilation mécanique ou de mourir. Ce groupe de chercheurs observent que dans le groupe de patients qui avait récupéré rapidement, seuls 3% d’entre eux étaient des fumeurs. Ce pourcentage est augmenté jusqu’à 27% dans le groupe de patients qui avait encore besoin du soutien médical. Dans l’étude de Guan, parmi les personnes placées en soins intensifs et ayant eu recours aux respirateurs artificiels, 25,5% étaient des fumeurs contre 7,6% des anciens fumeurs.
Selon Konstantinos, deux raisons peuvent expliquer ce phénomène. La première serait le fait que les fumeurs sont plus susceptibles de souffrir d’autres maladies respiratoires, cardiaques ou immunitaires, qui les rendraient vulnérables. La deuxième serait les symptômes de manque liés à un arrêt brutal de nicotine lors des hospitalisations.
Une récente étude, qui porte sur le nombre des récepteurs ACE2 où se fixe le virus, suggère que le COVID-19 infecte les voies respiratoires par des voies différentes chez les fumeurs, les anciens fumeurs et les non-fumeurs, ce qui pourrait en partie entraîner une sensibilité, une gravité de la maladie et des résultats de traitement différents.
Malheureusement, aucune de ces études n’a recueilli des informations sur les effets de la vape. Les informations présentes ici ne peuvent donc pas se généraliser aux utilisateurs de la cigarette électronique.
Enfin, la dernière méta-analyse a été faite par l’équipe de Konstantinos le 4 avril, dans laquelle 13 études ont été analysées avec un total de 5960 patients. Les membres de l’équipe concluent être surpris par le faible taux de fumeurs atteints par cette maladie virale, alors que le taux de prévalence des fumeurs de toutes ces études variait entre 1.4% et 12.6%. Ils s'interrogent sur le rôle de la nicotine dans l’évolution de la maladie. La nicotine pourrait en effet jouer un rôle protecteur sur le système immunologique.
À retenir
Les fumeurs ont une fragilité pulmonaire évidente.
Le coronavirus infecte les voies respiratoires.
Nous ne pouvons pas affirmer qu’il y a un lien causal entre le tabagisme et le fait de développer une forme grave du virus.
Nous avons de plus en plus d’informations sur le mécanisme et le mode de contamination du COVID-19, des règles de sécurité sont mises en vigueur, il faut donc les respecter et ne pas céder à la panique.
Ce virus, qui a impacté le monde entier, nous permet de réfléchir en tant que société sur nos modes de vie. Cette réflexion est la même dans notre vie personnelle. Nous pouvons nous permettre de prendre du temps pour réfléchir, à prendre des décisions qui sont plus en lien avec la vie que nous voulons mener.
Si vous voulez entamer un sevrage, Kwit peut vous accompagner dans ce processus. Notre but n’est pas de vous forcer à arrêter de fumer si vous ne vous sentez pas prêt. Nous souhaitons vous aider en vous expliquant comment vous préparer afin de vous lancer dans le sevrage tabagique !
Et n’oubliez pas, prenez soin de vous, de vos proches et aimez-vous de loin. 🖤